Au lendemain d’un vendredi treize

Le vendredi treize. Dans la tradition occidentale, la conjonction du 5ème jour de la semaine avec le 13ème jour du mois rime avec malheur.

En novembre 2015, à Paris, la superstition et la réalité se sont donné un rendez-vous macabre dont nous nous souviendrons pour longtemps avec autant d’émotion que les attentats qui ont frappé les Etats-Unis d’Amérique le 11 septembre 2001.

Deux semaines après les faits, il est encore trop tôt pour pouvoir procéder à une analyse claire et précise de ce qui s’est passé durant cette tragique soirée qui a vu plusieurs centaines de personnes de toutes origines, de toutes ethnies et de toutes religions perdre la vie ou subir des atteintes irréversibles à leur intégrité physique ou psychique pour des raisons aussi ignobles qu’inexplicables et inexcusables.

À seulement quelques heures de train de la Suisse, la violence, dans ce qu’elle a de plus lâche et de plus abominable, a soudainement pris la vie d’un mari ou d’une femme, d’un compagnon ou d’une compagne, d’un fils ou d’une fille, d’un père ou d’une mère, d’un frère ou d’une sœur, d’un neveu ou d’une nièce, d’un oncle ou d’une tante, d’un cousin ou d’une cousine, d’un grand-père ou d’une grand-mère, d’un ami ou d’une amie, d’un proche, d’un collègue, d’un camarade ou d’une connaissance.

Nous sommes encore sous le choc. Nous ressentons tous autant de colère que d’incompréhension, autant de tristesse que d’envie de vengeance, autant de désespoir que de compassion envers les victimes, leurs familles et leurs proches.

Paris n’est pas seulement la capitale de cette nation voisine et amie qu’est la France, elle est également une capitale politique, économique et culturelle de rang européen et de niveau mondial.

Il serait cependant faux de croire que c’est le monde occidental, et lui seul, qui est visé par les organisations terroristes telles qu’Al-Qaida, Boko Haram ou Daech.

En 2015, ces dernières ont non seulement frappé la France, de même que le Danemark et l’Australie, mais également et surtout l’Irak, le Liban, le Mali, le Nigeria, la Syrie, la Tunisie et la Turquie, pour ne citer que ces pays-là.

Ce n’est donc pas l’Occident en tant que tel qui est visé par ce type de terrorisme, mais plus largement les conditions d’existence de la vie humaine dans des sociétés qui se fondent ou qui aspirent à se fonder sur les principes de liberté, de démocratie et d’Etat de droit.

Nous sommes confrontés à un adversaire qui n’est ni rationnel, ni logique, ni prévisible. Un adversaire qui peut intervenir n’importe où et n’importe quand. Un adversaire qui n’accorde aucune valeur à la vie de l’être humain. Un adversaire qui n’hésite pas à exécuter des innocents. Un adversaire qui se contrefiche du droit international humanitaire. Un adversaire dont l’idéologie n’est finalement pas si éloignée des totalitarismes sanglants qui ont marqué le XXème siècle. En d’autres termes, un adversaire dont l’existence est tolérée depuis trop longtemps par la communauté internationale.

 

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