Le peuple suisse est le plus souverain et démocratique du monde

Les auteurs de l’initiative dite « pour l’autodétermination » (qu’ils auraient d’ailleurs mieux fait d’appeler « pour l’autodestruction ») prétendent vouloir sauver la démocratie suisse parce que le peuple n’aurait plus voix au chapitre et que ses décisions ne seraient pas respectées, ce qui est pour le moins étonnant.

En effet, doit-on leur rappeler que chaque année, il y a plus de votations populaires en Suisse que partout ailleurs dans le monde ? Doit-on leur rappeler qu’aussi bien à l’échelon communal que sur le plan cantonal et au niveau fédéral, le peuple a toujours le dernier mot ?

La démocratie directe est solidement enracinée dans l’identité de notre pays. Soutenir l’idée que celle-ci ne serait pas respectée et qu’elle a besoin d’être secourue, c’est se moquer de l’histoire et des institutions de la Suisse.

Depuis plusieurs semaines, les partisans de l’initiative viennent nous pleurnicher dans les bras pour dénoncer le fait que les autorités ne respecteraient prétendument pas les décisions populaires.

Ils citent par exemple le cas de l’expulsion des criminels étrangers. En effet, une initiative dont l’objectif n’était en soi pas dénuée de pertinence, à savoir celui de bannir de notre territoire celles et ceux qui abusent de notre hospitalité, avait été acceptée en 2010. Cette initiative a alors fait l’objet d’une législation de mise en œuvre. Or, cette législation n’a pas été combattue par la voie du référendum. De surcroît, elle a été suivie de l’initiative dite « de mise en œuvre ». Doit-on rappeler ici que cette dernière a été refusée en votation populaire 2016 ?

Les auteurs de l’initiative « pour l’autodétermination » critiquent également la manière dont a été mise en œuvre l’initiative dite « contre l’immigration de masse ». Doit-on leur rappeler qu’ils se sont bien gardés de lancer un référendum contre cette législation ?

Notre démocratie directe n’est pas le rayon d’un supermarché dans lequel on pourrait choisir entre les scrutins qui nous plaisent et ceux qui nous dérangent. Au contraire, elle se porte à merveille et continuera encore et toujours de faire rêver le monde entier. Il suffit de savoir utiliser les instruments précieux qu’elle met à notre disposition.

C’est pourquoi, le 25 novembre prochain, il faut voter NON à cette initiative aussi inutile qu’absurde.

Article paru dans la Tribune de Genève du 23 novembre 2018, rubrique « La lettre du jour ».

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