Les versets du communautarisme selon Sainte-Esther

En août 2015, Madame Esther Alder, Maire de la Ville de Genève, s’est adressée aux « familles concernées » par l’octroi de « l’allocation de rentrée scolaire » et les a invitées à « faire valoir » leur « droit » à cette prestation sociale communale qui n’a guère d’équivalent dans les autres communes genevoises, ni dans les autres cantons suisses, en remplissant un formulaire ad hoc figurant en annexe.

Au verso, on peut constater qu’une partie du texte de ladite lettre a été traduite dans une dizaine de langues étrangères.

Or, conformément à l’article 5 de la Constitution de la République et canton de Genève, du 14 octobre 2012 (RS A 2 00) :

« Art. 5 Langue

1 La langue officielle est le français.

2 L’Etat promeut l’apprentissage et l’usage de la langue française. Il en assure la défense. »

Ne ressort-il pas clairement de cette disposition constitutionnelle que les autorités de toutes les collectivités publiques genevoises (communes et canton) sont tenues de s’adresser à leurs administrés dans la langue officielle de la République et canton de Genève, c’est-à-dire en langue française exclusivement ?

Selon un document à forte connotation militante, intitulé « Politique municipale de la Ville de Genève en matière de diversité », du Conseil administratif de la Ville de Genève, daté du 30 juillet 2014 :

« Fondée sur le principe d’inclusion sociale et sans nier les difficultés et tensions du vivre ensemble, la politique communale en matière de diversité se focalise sur ce qui rassemble les personnes et non sur ce qui les divise. Elle reconnait les ressources et le dynamisme des communautés linguistiques, ethniques et nationales, tout en élaborant une identité autour de valeurs communes, celles des droits humains. La volonté politique du Conseil administratif est d’œuvrer en faveur d’une Genève plurielle et une à la fois. »

« La Ville de Genève mène une politique d’accessibilité aux prestations publiques municipales. Par souci d’équité, elle atténue les obstacles (administratifs, linguistiques, notamment) que peuvent rencontrer ses résident-e-s. »

Outre les curieux néologismes d’usage (« vivre ensemble », « droits humains », « plurielle et une », « résident-e-s », etc.) que comporte ce texte, il y a surtout matière à s’interroger, voire à s’inquiéter, au sujet des intentions du Conseil administratif de la Ville de Genève en matière de cohésion sociale, notamment envers sa population étrangère, puisqu’elle semble vouloir diviser notre société en « communautés linguistiques, ethniques et nationales ».

Or, selon l’article 210, alinéa 1er, de la Constitution genevoise :

« L’Etat facilite l’accueil, la participation et l’intégration des personnes étrangères ».

Dès lors, comment peut-on faciliter l’intégration des personnes étrangères si les autorités s’adressent à ces dernières dans leurs langues d’origine au lieu de le faire dans la langue officielle de Genève ?

En effet, le fait de s’adresser aux personnes étrangères dans la langue officielle n’est-il pas le meilleur moyen pour les collectivités publiques de leur ouvrir les portes de notre société et de les encourager à s’y intégrer, précisément en les incitant à apprendre notre langue ?

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