Le JAS-39E Gripen, le meilleur choix pour la Suisse

Le 18 mai 2014, les Suissesses et les Suisses sont rappelés aux urnes pour se prononcer au sujet de la Loi fédérale sur le fonds d’acquisition de l’avion de combat Gripen (Loi sur le fonds Gripen), du 27 septembre 2013. Concrètement, il s’agit de voter l’achat de 22 avions de combat suédois de type JAS-39E Gripen pour un montant total de 3,126 milliard de francs suisses, payables sur une période de dix ans.

Le référendum financier, outil de démocratie directe qui permet aux citoyens de se prononcer à propos d’une dépense publique, n’existe pas au niveau fédéral. C’est pourquoi, afin de donner la possibilité au peuple et aux cantons suisses d’avoir le dernier mot sur ce thème, l’Assemblée fédérale a décidé de donner à ce projet la forme d’une loi fédérale, soumise au référendum facultatif. En d’autres termes, notre Parlement a eu le souci de donner une légitimité populaire aussi grande que possible à l’acquisition de ces nouveaux avions de combat, ce qui est tout simplement unique dans le monde.

Depuis que la Suisse a délié les Forces aériennes de ses missions de combat d’objectifs au sol en mettant hors service les Hunter en 1995 et de reconnaissance aérienne en mettant hors service les Mirage III en 2004, la souveraineté et la sécurité aériennes de notre pays ne sont plus du tout assurées. Autrement dit, depuis une dizaine d’années, la Suisse est vulnérable dans sa troisième dimension.

Actuellement, la flotte aérienne de la Suisse est composée de 32 F/A-18 Hornet datant de 1993 et de 54 appareils F-5 Tiger datant de 1978, ces derniers étant inutilisables de nuit et en cas de mauvaises conditions météorologiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles les Forces aériennes ne sont pas opérationnelles en dehors des heures de bureau. Par ailleurs, les performances des Tiger ne sont tout simplement plus adaptées au défis du XXIème siècle : ces appareils, âgés de près de 36 ans, sont devenus obsolètes.

On sait qu’en cas de crise, pour assurer la sécurité aérienne de notre pays, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, nous aurions besoin en permanence d’une présence en l’air d’au minimum deux avions de combat. Avec nos Hornet, cette tâche ne pourrait être remplie que durant environ deux semaines en raison des impératifs d’entretien et de maintenance.

L’acquisition du Gripen nous permettrait de renforcer cette flotte aérienne par des avions modernes de nature à remplir toutes les missions des Forces aériennes, y compris celles qui ont été abandonnées en 1995 et en 2004.

Le financement de cette acquisition se fera exclusivement au travers du budget de l’armée, qui est depuis la fin de la Guerre froide le parent pauvre du budget de la Confédération. En effet, alors que ce dernier a doublé en une seule génération, le budget de l’armée, qui devait être de 4,3 milliards de francs depuis la réforme Armée XXI, n’a lui cessé de se faire amputer de plus d’un demi-milliard de francs ces dix dernières années. Autrement dit, à ce jour, il manque plus de 5 milliards de francs à l’armée telle qu’elle a été conçue par le peuple en 2003.

Donner les moyens à nos Forces aériennes de nous défendre, c’est comme poser un toit sur une maison. Quelle crédibilité peut-on donner à une armée qui n’a pas la capacité d’intervenir au sol comme en l’air ? Comment notre pays peut-il exiger le respect de sa souveraineté aérienne par les autres Etats s’il n’en a pas les moyens ?

On dit que chaque pays a une armée sur son territoire : la sienne, ou celle d’un autre pays. La sécurité est une tâche régalienne de l’Etat ; la défense ne se délègue pas. Certes, notre pays le fait actuellement par le biais d’accords avec nos pays voisins, en leur confiant la mission d’intervenir en dehors des heures de bureau. Cependant, en cas de situation extrême, aucun de nos partenaires ne peut prendre la responsabilité d’ouvrir le feu. En d’autres termes, la protection que nous offrent ces accords est toute relative. La Suisse doit donc prendre ses responsabilités et se donner les moyens d’assurer elle-même la sécurité et la souveraineté aériennes.

Cela implique certes un coût, mais qui n’aura aucune répercussion sur le budget des autres tâches publiques aussi importantes que la sécurité, que ce soit notamment la santé ou l’éducation. En effet, on ne le répètera jamais assez, le financement de l’acquisition du Gripen se fera par les moyens financiers alloués à l’armée. Le refrain des opposants selon lequel ces dix fois 300 millions de francs pourraient être dépensés plus « utilement » est donc aussi faux qu’incohérent.

Enfin, il sied de rappeler que le vote du 18 mai 2014 ne portera pas sur le type d’avion. Ce choix a déjà été fait sur la base de l’avis exprimé par des experts. Ce nouveau scrutin porte sur le financement desdits appareils, avec pour corollaire un enjeu fondamental : celui du rétablissement de notre sécurité et de notre souveraineté aériennes.

Retour en haut